« « Que peut bien faire l’écriture (la tienne), que peut-elle bien mettre en « mots », et au nom de quel monde peut-elle transformer celui-ci ? » [1]
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J’emprunte ce titre à un projet de Kantuta Quiros à l’école supérieure de l’image Poitiers/Angoulême car il traduit un souci partagé.
Si l’hospitalité est un premier geste d’humanité envers ceux qu’on pousse, chasse, incite, oblige à quitter leur chez-soi devenu invivable, on ne saurait s’arrêter là. Jamais l’hospitalité a été associée à une durée interminable. Donc au-delà de l’hospitalité indispensable et déjà bafouée (comme la convention de Genève), nous devons apprendre des nouveaux arrivés et de leurs cultures, modes de vie etc. pour qu’ils ne soient pas renvoyés dès leur arrivée à leur différence comme le résume l’ouvrage collectif Décamper "pour parler d’une terre sans accueil". La vie commune qui se dessine ne saurait s’arrêter aux efforts d’intégration des nouveaux-venants ou pire, à un ordre d’assimiler ce qu’ils trouvent chez nous :
This is more than hospitality : it is changing the sense of who « we » as a country are. And it is this second part, the step beyond hospitality, that would lead to a multi-national, multi-racial country that houses many kinds of religions.
résume Judith Butler dans un entretien récent. D’après elle il s’agit d’une véritable recomposition de ce que le "Nous" comme pays est en train de devenir, si on veut créer du commun.
À notre modeste échelle, nous nous attelons à cette tâche, en invitant tous les ans pendant 4 jours des auteur/e/s, artistes pour échanger autour de leurs écritures que nous voulons les plus diverses et variées. La littérature qui touche au réel s’expose ici au public comme elle le fait dans le contexte des pays d’où viennent nos invité/e/s, contexte qui n’est pas purement local mais se généralise : la montée de l’extrême droite par exemple, ou encore le repli sur soi derrière les frontières, la peur de l’autre, l’angoisse d’être envahi, la liste est longue.
Dès la première journée nous entrons dans le vif du sujet avec Margret Kreidl et Lucas Cejpek, venus de l’Autriche, où ils s’engagent depuis l’arrivée de Haider dans un combat de sensibilisation dans les lieux publics (affichages, performances, théâtre). Gaston Zossou et Constantin Amoussou, venant du Benin qui partage avec ses pays voisins des alternances entres régimes autoritaires, tentatives démocratiques, corruption et mutations imprévisibles, s’installent dans un dialogue entre littérature et politique qui n’a rien de simple, d’autant plus que Gaston Zossou a été ministre de la culture de son pays. Anna Margarida de Carvalho, vivant au Portugal, pays exposé à ce qu’on appelle la « crise migratoire » [2] aborde les conséquences de notre naufrage moral. Dans une exploration poétique, Laurine Rousselet se saisit de la Syrie, de ses espoirs nourris, démentis, massacrés, Eraldo Affinati a fondé avec sa femme une école gratuite pour les réfugiés arrivés en Italie. Et nous poursuivons notre tour de Méditerranée par les histoires récoltés de François Beaune, une reconstitution de vies minuscules, telle que Clara Beaudoux l’entreprend dans le Madeleine Project.
Si l’on inscrit les langues régionales dans notre programme, c’est aussi un parti pris pour les "écritures minorées". Lucie Mémin et Monica Sarrasin nous amènent dans ce dépaysement du français. Approcher le monde du travail sous tous ses aspects est un autre domaine qui nous est cher et important pour le lien social, autre forme du « commun », sans oublier les mondes merveilleux et décalés des petits qui fonctionnent comme une mise en miroir du monde adulte. Le rêve de lobbyiste dessiné par Alexandra Badea peut apparaître comme un chemin dévoyé des rêves d’enfants (surpuissants) qui sont mis à l’épreuve dans les albums de Christian Voltz, Frédérique Bertrand et Olivier Douzou. Philippe Vasset, chez qui rien n’est inventé à part le narrateur, mêle autant les genres littéraires que Joël Kérouanton dans ses écrits-rencontres entre lui et d’autres projets artistiques.
À chaque rencontre, table ronde ou encore lors des lectures du soir, nous essayons de créer du « commun » et de montrer « comment » cela pourrait se faire, explorer des pistes, arrêter de gémir et de demander que faire, les bras ballants.
En souhaitant à toutes et tous un beau festival.
Martin Rass
Président de l’Association CultureLLe
13h30 (UFR L&L) Ouverture « Bruits de langues 2016 »
Table ronde « Littérature exposée » :
avec Margret Kreidl et Lucas Cejpek
(Présentation et animation : Martin Rass)
15h30 (UFR L&L)
“Littérature et politique” - table ronde
avec Constantin Amoussou et Gaston Zossou
(Présentation et animation : Ismael Ichola)
17h30 (UFR L&L)
Anna Margarida de Carvalho
(Présentation : Sandra Teixeira)
20h30 (Maison des 3 quartiers
Margret Kreidl lira des extraits tirés de plusieurs de ses livres et un inédit en alternant avec Lucas Cejpek - choix de textes ci-joint
Des étudiants d’arts du spectacle, cycle théâtre présenteront une lecture scénique de leur atelier d’écritures avec Thibault Fayner
13h30 (UFR L&L)
Alexandra Badea
(Présentation et animation : Julie Dubois, Thibault Fayner et Violaine Piquet)
15h (UFR L&L)
Joël Kérouanton
(Présentation : Sarah Dabin)
16h30 (UFR L&L)
Philippe Vasset
(Présentation : Alban Couteau, Frédérik Detue et Florianne Girault)
20h30 (Auditorium St. Germain)
Lecture-scénique Celle qui regarde le monde, texte inédit d’Alexandra Badea, lu par les élèves du conservatoire sous la direction de Daisy Body
13h30 (UFR L&L)
"Album jeunesse" - table ronde
Frédérique Bertrand, Olivier Douzou et Christian Voltz
(Présentation et animation : Sybille Lajus et Tangui Le Boloc’h).
15h30 (UFR L&L)
"Écritures documentaires" - table ronde
François Beaune et Clara Beaudoux
(Présentation : Raphaëlle Guidée)
18h30 (La belle Aventure)
Soirée rencontre à La Belle Aventure
avec Laurent Binet
(Présentation : Alice Lebreton)
13h30 (UFR L&L)
Laurine Rousselet
(Présentation et animation : Doris Domergue et Jean-Luc Terradillos)
15h (UFR L&L)
Eraldo Affinati
(Présentation : Bianca Concolino)
17h30 (UFR L&L)
"Écritures minorées" - table ronde
Lucie Mémin et Monica Sarrasin
(Présentation : Jean Christoph Dourdet)
Conseil du festival
19h30 (TAP)
The Ventriloquists Convention - pièce de Dennis Cooper, mise en scène Gisèle Vienne avec le Puppentheater Halle.
Programme complet en téléchargement (pdf) :
Sauf mention spéciale, les rencontres ont lieu à
l’UFR des Lettres et des Langues
Bâtiment A3 -
Salle des Actes
1, Rue Raymond Cantel
86022 POITIERS CEDEX
BUS N°1
Rencontres ouvertes à tous – entrées libres et gratuites
Remerciements :
Pour le soutien du service culturel de l’Université de Poitiers, de la Maison des Ecrivains et de la littérature, du Conseil régional de la Nouvelle-Aquitaine, du Forum culturel autrichien, de l’Université de Poitiers, de la Mairie de Poitiers, de la DRAC Poitou-Charentes, l’association Plac-art et pas en dernier toute l’équipe constituée d’étudiant.e.s du Master Livres et médiations (LiMés).
Librairie du festival en partenariat avec les librairies La Belle aventure, Gibert et L’improbable librairie.
Organisation, logistique, coordination, informations :
Stéphane Bikialo, Adrian Le Corre et Martin Rass
[1] à l’initiative d’étudiant/e/s du Master LiMés, il y aura une lecture de texte d’Aslı Erdoğan le 19 janvier à 19h30 au Biblio Café à Poitiers, suivi d’un débat avec Amnesty International sur la situation en Turquie
[2] il y a aussi une "crise" des mots
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